Dès le début de l’offensive russe en Ukraine, déclenchée le 24 février dernier, Kharkiv, deuxième plus grande ville du pays, figure parmi les cibles prioritaires de Moscou. Début mars, alors que les forces russes sont bloquées aux abords de la mégalopole, Moscou accentue sa campagne de bombardement, forçant des dizaines de milliers de civils à se réfugier sous terre.
"Le métro ne fonctionnait plus et les gens se sont installés partout, sur les quais, dans les wagons… En quelques jours, c’est devenu une véritable ville", explique Ivanna Skyba-Yakoubova, co-organisatrice de l’exposition. La station "Musée historique", en plein cœur de la ville, offre un grand espace qui devient vite le terrain de jeu des enfants, qui courent, chahutent ou bien arpentent les couloirs en skateboard pour tromper l’ennui.
C’est là que Mykola décide d’installer un atelier temporaire. "Il s’agissait au départ avant tout d’occuper les enfants", précise-t-il. "La plupart d’entre eux n’avaient jamais participé à un projet artistique, je leur ai donc proposé de laisser libre court à leur imagination. Certains se sont mis à dessiner des formes abstraites ou des mosaïques de couleurs, d’autres des personnages ou des animaux. Petit à petit nous avons engagé une réflexion et transformé ces œuvres en expression artistique collective, chacun apportant sa pièce au puzzle autour des messages qu’ils voulaient véhiculer ensemble".
En quelques semaines, l’austère station de métro se métamorphose en galerie d’art. Le petit groupe d’enfants et leur nouveau mentor réalisent sur les pylônes une série de portraits monumentaux. Les "héros" de la guerre y figurent en bonne place sous les traits de l’infirmière, du soldat et du volontaire ainsi que de la famille ukrainienne, sans le père, parti combattre. Ces portraits côtoient des fresques plus énigmatiques comme la figure d’un ange, intitulée "Nouvelle Ukraine", ou bien celui d’un immeuble, transformé en pot de fleur, à la gloire du printemps. Une série aux couleurs vives, empreinte de représentations bucoliques, qui contraste avec des messages parfois très noirs comme le gigantesque oiseau du jeune Maks, 10 ans, accompagné de la phrase "La guerre est l’obscurité, on m'a volé le ciel"...
INFOS PRATIQUES :
► Grange des Dîmes
• Du 18 au 27 octobre 2024
• De 14 heures à 18 heures
• Entrée libre